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COLLECTIF ECOLE ELEMENTAIRE 103 Gambetta / PARIS
8 avril 2019

La mobilisation parisienne contre la loi Blanquer article paru dans le JDD dimanche 7 avril

Education : pourquoi la contestation contre la loi Blanquer est plus forte à Paris
18h00 , le 7 avril 2019

A Paris, plus d’un instituteur sur trois a fait grève contre le projet de loi Blanquer, jeudi dernier. Bien plus que la moyenne nationale. Ils organisent jeudi une journée "écoles désertes" contre la réforme sur l'école de la confiance. Y-aurait-il une spécificité parisienne?

 

Paris, fer de lance de la mobilisation contre le projet de loi Blanquer? Les enseignants du premier degré y sont en tout cas plus actifs plus qu’ailleurs. Jeudi dernier, plus d’un sur trois (37% selon le rectorat de Paris, 70% selon le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire en primaire) n’a pas fait classe, bien plus que la moyenne nationale (14,5%). Et les instituteurs, comme les parents, ne semblent pas près de lâcher. Au programme : rassemblements locaux devant les mairies mardi, journée "écoles et collèges déserts" jeudi (en incitant les familles à ne pas mettre leurs enfants), pique-nique festif et revendicatif dimanche… puis nouvelle grève, le 18 avril.

 

Parce que la mairie de Paris relaie les inquiétudes

La mairie de Paris, elle-aussi, montre au créneau pour relayer les inquiétudes. Le Conseil de Paris a en effet adopté jeudi, jour de grève, un vœu relatif au projet de loi sur l’école de la confiance, voté à l’Assemblée nationale mais examiné mi-mai au Sénat. Objectif? "Que le Parlement revienne sur nombre de dispositions qui fragilisent l’école publique", twittait Patrick Bloche, l’adjoint à la maire de Paris en charge de l’Education.

L’exécutif parisien souhaite, entre autres, que la loi garantisse "la compensation à l’euro près" du financement supplémentaire aux écoles privées qu’entraînera l’instruction obligatoire à trois ans (évalué, pour la capitale, à 12,7 millions d’euros), "lève les incertitudes sur le maintien du statut des directrices et directeurs des écoles au sein des éventuels Etablissements publics des savoirs fondamentaux, et que ceux-ci ne puissent être créés que par consensus", "reconnaisse la liberté pédagogique" (dans la mise en œuvre des évaluations nationales), "maintienne l’instance d’évaluation indépendante du système éducatif qu’est le Cnesco" ou "adopte des dispositions visant à préserver l’existence des jardins d’enfants" (une trentaine à Paris, accueillant 12% d’enfants en situation de handicap)…

Parce que parents et professeurs se soutiennent

Des revendications qui reflètent bien celles entendues sur le terrain. Particulièrement dans les arrondissements les plus mobilisés (les 11e, 12e, 13e, 14e, 18e, 19e et 20e). A l’école Julien Lacroix dans le 20e, une banderole donne le ton : "Ecole Pré occupée, parents solidaires".

« Ils vont supprimer le lien qu’on a avec les directeurs d’écoles »

Ce vendredi, quelques mères de familles occupent le bureau de la directrice. "On manque d’argent pour l’école publique et là, à cause de l’instruction obligatoire à trois ans, il faudrait en verser davantage au privé", dénonce l’une. "On assiste à une remise en question de la liberté de choix pédagogiques", s’insurge l’autre. "Ils vont supprimer le lien qu’on a avec les directeurs d’écoles", dénonce une troisième. Le ministre Jean-Michel Blanquer a beau dire l’inverse, cela ne suffit pas à les rassurer : "la loi ouvre une brèche", "elle comporte beaucoup de 'peut-être'".

Les professeurs, eux-aussi, se disent très remontés. A l’extérieur de l’établissement, certains finissent de scotcher une BD et des affichettes "décodant" le projet de loi : "Article 1. Droit de réserve : volonté de muselé les enseignants" ; "articles 2 à 4. Maternelle : un cadeau au privé" …

Mais ici, ce qui a déclenché le mouvement de protestations, ce sont les pressions exercées contre les instituteurs opposés aux évaluations nationales en CP. "Quand j’ai appris, lors du conseil d’école, qu’ils auraient des sanctions disciplinaires, je me suis dit : Ce n’est pas possible !", confie une parent-déléguée.

Parce que les directeurs ont plus de temps pour s'investir

Au niveau parisien, même constat. "Quand l’académie de Paris a commencé à menacer de blâme tous les enseignants qui refusaient de remonter les résultats des évaluations nationales de CP _ 35% des effectifs_, cela a été un électrochoc, pour les profs comme pour les parents !", explique ainsi Jérôme Lambert, secrétaire départemental du SNUipp-FSU. Le rectorat a beau avoir calmé le jeu et abandonné l’idée, cet épisode a mis le feu aux poudres.

Au-delà, comment expliquer l’ampleur du mouvement parisien? Le régime particulier dont bénéficient les directeurs d’école pourrait être une piste. Dans la capitale, ces derniers sont bien des enseignants (comme partout), mais ils sont totalement déchargés d’enseignement à partir de cinq classes (et non treize, comme ailleurs). Ce qui leur permet d’être plus disponibles vis-à-vis des parents et des profs, et de jouer vraiment un rôle moteur au sein de l’établissement. Résultat : les craintes concernant leur éventuelle disparition _ des "bobards" selon le ministre de l’Education_ y rencontrent donc un large écho.

Parce que le maillage des écoles, très dense, facilite la coordination

Autre raison évoquée : un maillage très dense. La capitale concentre en effet 656 écoles primaires publiques sur… 105 km2 (soit plus de six, en moyenne, par km2). Les établissements sont donc proches des lieux d’habitation, les parents très présents et les actions plus faciles à cordonner.

A Paris, c'est plus facile de s'organiser

"A Paris, c’est plus facile de s’organiser, confirme ainsi Jean-Jacques Renard, le vice-président de la FCPE Paris qui représente les parents d’élèves. Le mouvement est parti très vite!" Dans le 20e, par exemple, tous les parents ont été invités à s’inscrire sur une "liste d’échange". Très utile quand il faut trouver quelqu’un pour garder ses enfants les jours de grève.

Les uns et les autres assurent vouloir continuer "jusqu’au retrait de la loi Blanquer". Les initiatives sont variées : atelier fabrication de banderoles dans une école du 14e, die-in (chacun s’allonge par terre) sur une place du 20e, nuit consacrée à la formation dans une école du professorat à Paris, café des parents, tractages… Et comme Paris est la dernière zone en vacances, les opposants ont encore deux semaines d’actions devant eux.

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